La marque Eaux de l’Artois – Véolia : un « coup de comm. »

La multinationale Veolia a déposé la marque « Eaux de l’Artois » et en est ainsi devenue propriétaire. Cette marque figurera désormais en lettres bleues sur sa flotte de véhicules, sur les factures et tous les supports de communication.

Derrière ce qui peut s’apparenter à un banal changement de nom, se dessine en réalité une opération de communication, coûteuse, et orchestrée par des cabinets spécialisés.

Nous savons tous que toute opération marketing, toute « opération de comm » n’est jamais gratuite, ni innocente. En l’espèce, il s’agit ici, pour la multinationale, de changer en profondeur son image, considérablement dégradée auprès des citoyens et des usagers de l’eau.

Par la même occasion, il s’agit également de remobiliser les salariés, en interne, à un moment où les tensions ne vont pas manquer de s’aiguiser. Pour la multinationale Véolia, les temps sont de plus en plus durs : il reste indispensable de maintenir une certaine augmentation du taux de profit pour les actionnaires, alors que, sous la pression des usagers et d’associations telles eau … secours 62, la multinationale a dû consentir à une baisse de ses revenus.

Or, c’est un phénomène malheureusement trop connu, maintenir une même augmentation du taux de profit avec moins de revenu ne peut passer que par deux conditions :
- dégrader le service fait aux usagers
- diminuer les coûts en interne, en dégradant également les conditions des salariés.

C’est tout le sens de la formidable campagne de communication qui s’annonce.

« eau…secours 62  » a analysé cette situation et a adressé à ses adhérents et sympathisants, aux élus et aux médias le texte suivant.

« EAUX de l’Artois » , une marque déposée de Veolia : un coup médiatique, une mascarade , une tromperie ? Un coup de force contre la démocratie locale ?


Yannick Ratte qui est devenu responsable de toute la région Nord -Ouest de Veolia-eau, lance un grand coup médiatique sur l’Artois.

Il s’agit, à ce que l’on peut voir, d’une initiative de grande ampleur de la part de Veolia, managée par le directeur régional Y. Ratte . On peut penser que, s’il s’occupe de cette affaire, c’est qu’elle en vaut la peine .

De quoi s’agit-il ?

De la création de la marque « Eaux de l’Artois », marque qui figurera désormais en lettres bleues sur la flotte des véhicules de l’entreprise Veolia , sur les factures et tous les supports de communication. Faut-il penser que le logo Veolia n’apparaîtrait plus sur les véhicules et les factures ?

Serait-ce une façon d’effacer la mauvaise image actuelle de la multinationale, tout en laissant supposer que l’essentiel est décidé par les collectivités ? Serait-ce une façon de laisser penser que la société multinationale privée est un service public ?

Selon M. Ratte, cette marque est censée refléter la compétence décisionnelle des collectivités locales et les services assurés par les professionnels de l’entreprise sur son territoire d’intervention.

On peut alors s’étonner de l’absence des élus lors de cette conférence de presse, élus dont les cadres de Veolia rappellent toujours avec insistance qu’ils sont toujours les décideurs et donneurs d’ordre.

On peut également s’étonner de l’absence de décision des collectivités quant à la mise en œuvre de ce projet . L’association « eau…secours 62 » a suivi toutes les étapes de l’ élaboration de plusieurs contrats signés entre les collectivités en 2011 et 2012 et jamais une décision n’a été prise sur ce point, il n’y est pas fait allusion dans les contrats définitifs . (On trouve simplement cette proposition dans l’offre soumise à examen pour le contrat de la CALL)

Il s’agit aussi de rassembler toutes les collectivités du secteur ( 750 000 h ; la plupart sauf le Béthunois ayant délégué leur service de l’eau à Veolia ) autour de l’eau de l’Artois : C’est une bonne stratégie de la part de Veolia pour accroître son emprise sur notre région : Nous pouvons craindre dans le futur une plus grande difficulté de décision d’un autre type de gestion pour l’une ou l’autre de ces collectivités.

Nous posons la question : La coordination entre les territoires, les interconnections éventuelles, ne sont-elles pas à prévoir et à organiser par les élus concernés, avec l’aide du conseil général et de son schéma départemental ( comme cela se fait dans certaines régions ) , ceci avant d’en passer par les techniciens de l’eau ( si possible du public …).

A eau….secours 62, nous ne pensons pas judicieux de laisser l’initiative à la multinationale qui veut certainement redorer son blason, initiative qu’elle prend certainement parce que la plupart des usagers ne veulent plus que leurs factures d’eau servent aux actionnaires et aux cadres dirigeants de Veolia.

Qu’en disent les élus, les présidents de Communauté, les vices présidents en charge de l’eau , voire les partis politiques de la région ?

Notons que Veolia rappelle que « les décisions stratégiques (sont) de la seule compétence des élus territoriaux » . eau…secours 62 souhaite qu’ils l’exercent sur ce point.

Plutôt qu’une conférence de presse d’un haut cadre de la multinationale, les citoyens-usagers auraient aimé une même conférence de presse de la part de nos décideurs, élus par l’ensemble de la population.

Autre sujet : M Ratte annonce souhaiter également mettre en place un laboratoire d’idées « Eaux de l’Artois » sur le thème de la ressource en eau en Artois.

« Nous voulons sensibiliser la population et les décideurs sur les enjeux de la ressource en eau, explique t-il. L’objectif est aussi d’échanger et d’évaluer les enjeux en proposant des solutions pour le partage de l’eau ». Notons que le secrétariat en reviendrait à Veolia !

On peut s’étonner là aussi de l’apparent abandon de cette mission de contrôle participatif au délégataire !

La multinationale Veolia, dont on ne peut nier que l’objectif premier est de réaliser des profits, ne peut se retrancher, pour retrouver un peu de respectabilité, derrière l’étendard de l’écologie et du développement durable. Ses techniciens et ingénieurs possèdent les compétences techniques, ainsi que la connaissance du terrain : mais tout ceci n’appartient pas en propre à Veolia puisque les travaux, les salaires, la recherche technique, sont payés par les usagers.

La « sensibilisation de la population » doit être mise en œuvre et pilotée par les représentants des usagers, élus, associations, et par les organismes publics tels que l’Agence de l’eau. Et non pas par Veolia.

Ce « laboratoire de l’eau » serait-il un avatar de l’Observatoire de l’eau prévu dans le nouveau contrat sur la CALL pour améliorer la gouvernance du service ?

D’autres que nous s’étonnent de ce qui se passe dans le domaine du service de l’eau . Ainsi , lors du Conseil de CALL ( communauté d’agglomération de Lens-Liévin ) du 1 février 2013, un des élus de l’agglomération s’insurgeait contre l’absence de mise en œuvre des décisions prises pour contrôler la gestion du groupe Veolia. Un autre, face à certaines mesures, avait cette formule : « Veolia doit bien rigoler en ce moment : il reprend d’une main ce qu’il a donné de l’autre . »

Ainsi , Nous sommes autorisés à penser que Veolia tente de récupérer au travers d’un subterfuge une partie des pouvoirs que les débats citoyens que nous avions initiés lui avaient enlevés. Nous agirons pour qu’il n’en soit pas ainsi.

Que pensent les élus, les groupes politiques , les associations, de ce qui paraît un déni de démocratie locale ?