Méricourt, le 16 mai 2009

Eau…secours 62 est une association dont la création a été préparée par un groupe de travail de Politis 62. Lors du Printemps de Politis 62, le 16 mai 2009 à Méricourt, s’est tenue l’assemblée des adhérents, entérinant la création officielle de « eau … secours 62 ».

Présentation de l’association « eau … secours 62 »

le 16 mai 2009

L’eau, patrimoine humain, est indispensable à la vie. L’eau est nécessaire à la vie et à la santé. Le droit de l’être humain à l’eau est donc fondamental. Pourtant, 1,5 milliard de personnes dans le monde ne disposent pas de l’accès à l’eau potable. Plus de 30000 personnes meurent chaque jour en raison de problèmes de santé liés à l’eau. Soit : 1…2…3…, une personne toutes les trois secondes ! La marchandisation de l’eau constitue une menace redoutable pour les sociétés humaines, en même temps qu’une atteinte aux droits humains les plus fondamentaux.

L’eau, bien commun, est à tout le monde et n’est à personne. Sa gestion concerne chacun. Prenons le puits communautaire (ou la fontaine publique). Tout le monde, dans le village peut s’en servir librement. C’est son usage régulier qui assure le renouvellement des eaux, condition de leur salubrité. Biens communs locaux, le puits, la fontaine publique, sont aussi bien souvent accessibles aux voyageurs étrangers. Mais le puits n’est pas public ni commun en soi. C’est au contraire un « construit social », volontaire et réversible. Rien ne l’empêcherait d’être épuisé, pollué, ou approprié et source d’inégalité ou de profit, sans le soin et la vigilance de la collectivité concernée. Sa fabrication et son entretien sont le fruit de l’effort commun, et son utilisation libre et équitable justifie cet effort. Il y a le libre accès à la ressource, et la participation volontaire à l’effort. Le tout se déroule en public, au vu et au su de tous. Les citoyens donnent (en déléguant au besoin), et contrôlent, la solution concernant l’usage de l’eau et l’effort à fournir : c’est la source même de la démocratie. De la même façon, à l’échelle d’un territoire plus large, qu’il soit intercommunal, national ou international, la gestion des ressources en eau, pour permettre son accès à tous, concerne tous les citoyens. Ils doivent choisir et contrôler l’usage qui est fait de l’eau, l’effort fourni pour sa préservation, et sa gestion. C’est un impératif démocratique.

L’eau est devenue un enjeu mondial. Les activités humaines ont considérablement dégradé la qualité de l’eau sur la planète, et ont entraîné sa rareté dans certaines régions du globe. Avec l’élevage et l’agriculture intensifs, il y a actuellement un stock important mais très mal connu d’engrais chimiques et de pesticides dans les sols, en cours de migration vers les nappes. C’est un processus dont la durée pourrait s’étaler sur plusieurs décennies, tant les vitesses de migration sont variables en fonction des molécules en cause et de la nature du terrain. Une baisse de la fertilité masculine de plus de 50% s’est produite entre 1900 et nos jours dans différents pays européens à l’agriculture intensive comme le Danemark, la Belgique et la France. Dans des pays où l’agricultue est peu développée, comme la Finlande, une telle diminution n’a pas été notée. L’irrigation massive, le plus souvent liée à la monoculture, entraîne la salinisation des sols et les rend, à terme, impropres à toute culture. C’est elle qui est à l’origine de l’assèchement de la mer d’Aral. L’impact de l’activité industrielle concerne toutes les eaux, mais surtout les mers et les océans qui servent de déversoirs géants. Une pollution quotidienne qui met en péril les écosystèmes marins. Les hommes n’ont pas su préserver cette ressource naturelle. Elle devient un enjeu statégique majeur, potentiellement source de conflits. Les Etats-Unis cherchent à avoir accès aux réserves d’eau du Canada. On observe des manoeuvres politico-militaires autour d’une des plus grandes nappes du monde, celle de la zone de la triple frontière Paraguay-Brésil-Argentine. L’eau joue un rôle important dans la politique de l’Etat d’Israël envers le peuple palestinien. La Turquie a une politique de construction de barrages sur l’Euphrate, qui empêche la Syrie et l’Irak de disposer de la ressouce.

La situation en France : une spécificité. Insidieusement, le service public de l’eau est passé peu à peu aux mains de quelques grandes compagnies privées attirées par ce marché très rentable. Actuellement, Véolia, Ondéo et la Saur se partagent environ 80 à 85% du marché français. Dans les années 60, cette proportion était de 60%. Aux Etats-Unis par exemple, près de 95% de la distribution reste publique. De ce point de vue, la France est une exception. Les multinationales de l’eau, qui font des profits colossaux, cherchent maintenant à exporter le modèle français partout dans le monde. Elles s’appuient sur l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), de l’Organisation mondiale du commerce, qui concerne douze secteurs de services, dont celui de l’environnement.

Des citoyens, des élus, des associations se mobilisent pour la défene de l’eau comme bien commun.

au niveau international : l’ASSOCIATION POUR UN CONTRAT MONDIAL DE L’EAU ou ACME

Au point de départ, des personnalités comme Mario Soarès, Danièle Mitterrand, Suzan Georges, le prince Laurent de Belgique …et des ONG.

En France : ACME-France, dont le président est Jean Luc Touly, un ancien syndicaliste de chez Véolia, qui a dénoncé les pratiques de la société. L’association est à l’initiative de la coalition mondiale contre la privatisation de l’eau, créée au forum social mondial de Porto Allegre en 2002, elle organise des forums alternatifs de l’eau.

Elle est présente aujourd’hui dans 60 pays, sur les 5 continents, et s’est fixée 5 objectifs : faire reconnaître l’eau comme bien commun, patrimoine de l’humanité faire reconnaître le droit d’accès à l’eau pour tous, avec un minimum vital gratuit de 40 l d’eau potable par jour et par habitant. la distribution et la gestion doivent rester dans le domaine public. la création d’un service public mondial de l’eau permettant de régler les pénuries et les conflits dus aux mauvaises répartitions. pour assurer l’approvisionnement en eau potable des pays démunis, le financement doit être collectif et solidaire,par des taxes sur les transactions financières par exemple.

Aujourd’hui, la politique mondiale de l’eau est conduite par les grands forums mondiaux de l’eau organisés tous les trois ans par le Conseil Mondial de l’Eau : Mexico en 2006 Istanbul dernièrement Ces forums mondiaux ont été mis sur pied par la Banque Mondiale et les multinationales françaises de l’eau, mais l’idée d’une gestion publique semble progresser chez les participants depuis Mexico.

au niveau européen : AQUA PUBLICA EUROPEA

Association européenne pour la gestion publique de l’eau, créée en mars 2008, afin d’être présente auprès des instances européennes.

Son but est de fédérer tous les opérateurs publics européens : ils sont environ 120 000, mais pour la plupart sans liens entre eux ; elle agit concrètement à travers des échanges d’information, d’expertises, et la collaboration entre les entreprises publiques de l’eau ou les collectivités territoriales.

En France, elle regroupe par exemple : Eau de Paris, les métropoles de Brest, Cherbourg, Nantes, Grenoble, Varrages…

Les collectivités qui réfléchissent à une reprise en main de leurs services d’eau devraient pouvoir trouver auprès de l’association encouragement et accompagnement.

dans notre pays : Association Nationale E.A.U. (Elus, Associations, Usagers). Pour une gestion publique de l’eau potable et de l’assainissement.

Les buts de l’association sont : l’aide et le conseil pour rester ou retourner en régie publique, l’assistance lors de la renégociation des contrats de délégation, l’accompagnement des régies par la mutualisation des expériences réussies.

Voici une lettre aux élus, de Michel Partage, ancien maire de Varages, conseiller général du Var et président de l’association EAU :

« Un retour en régie vous intéresse mais vous avez peur de franchir le pas ? Nous vous comprenons. EAU est justement là pour vous aider.

Tous les Elus qui ont envisagé cette démarche sont passés par cette difficile étape. Rapidement, ils se sont aperçus qu’il y avait surtout une barrière psychologique à passer. En effet, depuis des décennies, les multinationales privées de l’eau et de l’assainissement, nous martèlent que reprendre ces services est pratiquement impossible car les élus et les administrations locales manquent de moyens techniques et humains hautement qualifiés. Faux !!! Les communes qui sont allées au bout de leur démarche de remunicipalisation nous le prouvent quotidiennement. Elles ont créé un service public de proximité performant, ont stabilisé les prix de la gestion de l’eau potable (en évitant les dividendes aux actionnaires) et, investissent dans les améliorations et renouvellements de réseaux. L’enquête d’UFC que choisir de fin octobre 2007 le souligne largement. Vous cherchez des renseignements complémentaires ? Nous sommes là pour vous aider. L’association EAU (Elus, Associations, Usagers) pour une gestion publique de l’eau potable et de l’assainissement, fédère de nombreux acteurs de retours en régies réussis, qui sont prêts à vous apporter conseils et soutiens. » Michel PARTAGE, Président de l’Association nationale EAU

Les associations locales ont utilisé le sigle « EAU Secours » suivi du numéro de département ; plusieurs dizaines se sont constituées, les premières à Grenoble, Toulouse, Neufchâteau etc… ; la nôtre s’intitulera donc « eau … secours 62 »

« eau … secours 62 »

Nous créons aujourd’hui une association départementale de défense de l’eau comme bien public : « eau … secours 62 ». Elle regroupe des citoyens, des élus qui ont décidé de se mobiliser ensemble.

ses objectifs

L’objectif à long terme est d’organiser le retour en régie publique et de maintenir une eau de qualité et en quantité suffisante.

Cela suppose plusieurs axes de travail qui seront définis par les adhérents ou qui naitront au fur et à mesure de l’avancée de nos travaux, mais il est déjà possible d’envisager quelques pistes :

Se procurer et étudier les contrats souscrits entre la communauté et le délégataire privé.
- Cerner le plus précisément possible, le domaine de la communauté (la CALL par exemple) et le domaine de Véolia. Comprendre le circuit de l’eau depuis son prélèvement, jusque la fin de l’assainissement. Comprendre les particularités de l’eau dans le Bassin Minier où les tarifs sont parmi les plus élevés. Comprendre les questions et les inquiétudes des élus face à la gestion et à l’assainissement de l’eau. Etre présents auprès des élus de la communauté ( de la CALL par exemple) dans la Commission Consultative des Services Publics Locaux (CCSPL). Elargir au maximum l’association sur le territoire de l’agglo et prévoir des contacts avec les différentes communes et avec les usagers. Organiser débats et conférences avec des personnalités compétentes. Mobiliser les citoyens, les usagers et les élus sur la question. Etre en lien avec les associations nationales et européennes, et tirer parti de leur expérience. Avoir un regard sur les sources de pollution, en particulier agricole et industrielle.

Le travail ne manque pas… il ne manque pas non plus d’intérêt ! Et nous serons nombreux, souhaitons le, à nous y atteler.

son fonctionnement

Les statuts de l’association sont disponibles dans le stand. Ils s’efforcent de garantir des pratiques démocratiques et prévoient un fonctionnement horizontal.

Extraits :

 » L’Association est gérée et administrée par l’ensemble de ses adhérents, regroupés en Assemblée Générale (AG) permanente, organe souverain de l’association dans les matières dont la loi et les statuts lui réservent expressément la compétence exclusive. Pour cela, elle est dotée de moyens de consultation et d’expression de tous les membres, utilisant des outils de communication qu’elle met en place et valide par l’intermédiaire de groupes de travail spécifiques issus de ses propres rangs, qui peuvent être complétés par des intervenants extérieurs. Les modalités précises de mise en place et d’utilisation de ces outils sont définies par le règlement intérieur. L’Assemblée Générale est réputée être permanente, grâce à l’utilisation des outils de communication. »

« L’AG délègue à un Collège solidaire, ouvert à tous les membres volontaires, l’administration de l’association et la responsabilité de représenter l’association dans les actes de la vie civile (…) Chaque adhérent de l’association peut devenir membre du Collège solidaire et en démissionner à tout moment en en informant l’AG. La liste officielle des membres du Collège est actualisée après chaque modification. Chaque membre du Collège est révocable à tout moment par simple vote à la majorité relative de l’AG. »

Quelques photos de l’événement

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